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A Snowfall of salt (Chute de sel) 


A Snowfall of Salt

 

 Snowfall of Salt [Chute de sel] est la première exposition individuelle de Paulius Šliaupa en France. Elle se présente sous l’apparence d’une contradiction – Chute de sel – et vient questionner notre incapacité à trouver un équilibre avec la nature. La nature est l'essence – et la condition préalable – à toute vie. Pourtant, dans les sociétés modernes, nous nous sommes drastiquement éloignés d’elle et de l'expérience que nous pouvons en faire, deux thématiques chères à l’artiste.

Cet ensemble d’œuvres présenté à Intermondes – Humanités océanes invite le spectateur à réfléchir à sa relation et son impact sur l'écosystème, questionnant également sur les chemins qu’il emprunte, son existence même. Ceci en gardant présent à l'esprit que la biosphère a cette capacité infinie à se renouveler, que l’espèce humaine subsiste ou non n’entre pas dans l’équation.

Né dans une famille de géologues et élevé à Barteliai, un hameau de la campagne lituanienne où il vit encore une partie de l'année, Paulius Šliaupa a développé une intimité profonde avec la nature, une compréhension claire du fait que si nous en faisons partie, celle-ci nous surpasse largement. Dans son travail, en particulier ses films, on retrouve souvent cette double expression de Sublime et de banale simplicité dans l'expérience que l’humain peut faire de la nature. L’artiste favorise une implication immersive en créant des images fortes et inspirantes qui invitent, avec délicatesse, le spectateur à faire l’expérience de sa petitesse au sein de l’organisme vivant qu’est la Terre. Fasciné par la grandeur du monde, Paulius Šliaupa explore les possibilités d’émerveillement et de réflexion, et l’immense liberté qu’elle nous offre. L’intangible et la spiritualité que véhiculent notamment les mythes et les rituels - inspirés et réalisés dans la nature - figurent parmi les points clefs de son travail. Dans le même temps, il adopte une position intégrative considérant la nature comme un tout, un vaste système constitué d’une multiplicité de réseaux et de structures dont l’humanité fait partie intégrante. En cela, Paulius Šliaupa parvient à transcrire la simplicité typique de cette profonde interconnexion.

 

Gaia (2020-2024) nous parle de cette sensation de « communion avec le monde » que Paulius Šliaupa éprouve lorsqu'il pilote ses drones. Dans ses films, la notion de « vue plongeante » ou de « regard de Dieu » fait écho au propre regard que la Terre porte sur elle-même. Point central de l’exposition, cette vidéo évoque le mythe de Gaïa, déesse de la Terre, personnification de la Terre elle-même et mère de toute vie, à laquelle l'artiste donne littéralement la parole. Performée par Birutė Belada Tauterytė, Gaïa déambule avec légèreté en milieu semi-urbain, contemple et interagit au gré de ses découvertes. Ces images, capturées dans des lieux soigneusement choisis aux abords de Barteliai, de la banlieue de Vilnius (LT), des environs de La Rochelle et de l'Île de Ré (FR), dévoilent des lieux qui, sous leur beauté naturelle, portent des traces d'interventions humaines. Ces marques du temps qui passe témoignent de l'ampleur de notre action destructrice, allant du simple impact de nos gestes quotidiens aux vestiges de guerre. Il n’y a cependant chez Gaïa aucun jugement, pas de trace de désespoir ou de chagrin, elle déclame simplement, en vers fragmentaires, un état des lieux de nos nombreuses contradictions. Inspiré par la philosophie de Donna Haraway, Paulius Šliaupa compose un soliloque avec l’aide partielle de l'I.A. L’utilisation de cet outil nous renvoie à nouveau à notre éloignement de la nature et met en exergue une culture de l’artificiel grandissante.

Comme dans toutes ses œuvres, Gaïa adopte un point de vue purement évocateur. Elle mesure toute l’ampleur de la crise climatique provoquée par l’humain sans jamais prendre parti ni culpabiliser le visiteur. Il se dégage de Gaïa un ton mystique, parfois même inquiétant, conféré par l’habillage sonore. Gaia laisse une place aux manifestations de l'inconnu : il revient à chacun de décider si Gaïa – Terre ou mythe – est vouée à sa disparition ou se dirige vers son potentiel régénérateur (post-humanité). Le montage final à rebours, à la manière de Dada, est à cet égard des plus opportuns.

 

La pratique de Paulius Šliaupa se teinte d'un certain humour, et même d'une touche d'absurdité, suggérant, non seulement l'irrationalité de notre monde, mais aussi la possibilité de le réinventer. Sisyphus (2024) est une installation vidéo projetant l'image d'un homme marchant à l'infini sur une bouée nautique sphérique. Sisyphe est-il puni, comme dans la mythologie grecque, pour sa cupidité, sa tyrannie et le meurtre d'autres êtres vivants ? Se retrouve-t-il condamné au destin qu’il s’est lui-même forgé ? Ou se montre-t-il résilient, qualité que le philosophe et leader du mouvement indigène Ailton Krenak considère comme nécessaire pour retarder la fin du monde insistant sur la nécessité de toujours aller de l’avant, résister sans jamais abandonner ?

L'artiste crée un dialogue entre ses vidéos et la sélection de peintures et d'objets exposés. Son intérêt pour les nouvelles technologies (I.A., drones caméras, scan 3D, etc.) et leurs intrications dans notre vie et notre environnement naturel amène Paulius Šliaupa à expérimenter l'impression 3D. Dans la série Critters (2024), chaque « créature » prend la forme d'un spécimen marin retrouvé mort, desséché, sur les plages où l'artiste a tourné lors de sa résidence à Intermondes – Humanités océanes. L'étoile de mer, la méduse et l'oursin se retrouvent transfigurés par la machine et, symboliquement, ramenés à la vie. Sans analogie avec le roman de Mary Shelley, les Critters, créatures fossiles de notre époque, évoquent un éventuel futur passé.

On pourrait dire que la pratique artistique de Paulius Šliaupa s’apparente à celle d’un scientifique tant il travaille dans une logique de préservation – fictive – des formes de vies actuelles à la manière d’un « biologiste de la conservation spéculative » ou d’un « archéologue de l'avenir ». On retrouve dans ses peintures – médium privilégié qu’il pratique depuis toujours – cette tentative d’assimiler et de figer sur la toile des structures organiques ou des phénomènes naturels. Sous l'effet de la lumière et des différentes heures de la journée, ses peintures texturées prennent corps. Telles des sculptures, elles semblent avoir été taillées dans un glacier, un récif, un rocher ou un tapis de mousse.

La Terre nous précède et nous survivra certainement si, individuellement et collectivement, nous ne développons pas notre conscience écologique. Finalement, A Snowfall of Salt est aussi une invitation à nous définir au sein même de cette équation et, qui sait, à nous reconnecter à la Terre.

Curatrice : Daniella Géo

Traduit par : Barbara Schuerrer



LT

 

Pauliaus Šliaupos pirmoji asmeninė paroda Prancūzijoje „A snowfall of salt“ pristato iš pirmo žvilgsnio prieštarą, kuri atskleidžia mūsų negebėjimą rasti pusiausvyrą. Gamta yra (visos) gyvybės esmė ir sąlyga. Tačiau gamta ir jos patyrimas – pagrindinės P. Šliaupos temos – šiuolaikinio pasaulio visuomenėse yra drastiškai susvetimėjusios. Centre Intermondes eksponuojamų darbų grupė skatina susimąstyti apie mūsų santykį ir poveikį ekosistemai, strategijas, kurias pasirenkame, ir mūsų egzistenciją. Visa tai, turint omenyje biosferos gebėjimą nuolat kisti, nepriklausomai nuo to, ar žmogaus gyvybė išlieka.

 

Gimęs geologų šeimoje ir užaugęs Barteliuose, Lietuvos kaime, kur iki šiol gyvena dalį metų, P. Šliaupa išsiugdė glaudų ryšį su gamta ir aiškų suvokimą, kad gamta mus pranoksta, nors ir esame jos dalis. Jo kūryboje, ypač filmuose, dažnai juntamas ir didingumo, ir kasdienybės pojūtis žmogaus patiriamoje gamtoje. Nesvarbu, kaip įprasta tai, kas yra stebima, menininkas kuria nuostabą keliančius vaizdus, kurie kviečia žiūrovą įsitraukti, ir kartu švelniai primena apie mūsų smulkumą, palyginus su gyvu organizmu, kuris yra Žemė. Menininką žavi pasaulio mastas, nuostabos ir apmąstymų galimybės bei jų teikiama laisvė. Šia prasme neapčiuopiamumas ir su juo susijęs dvasingumas, mitai ir ritualai – gamtoje ir jos įkvėpti – taip pat yra svarbūs menininko kūrybos bruožai. Tuo pat metu, užimdamas integralią poziciją, pagal kurią gamta suvokiama kaip visuma, kaip sistema, susidedanti iš tinklų ir struktūrų įvairovės, nuo kurios neatsiejamas žmogus, menininkas perteikia artimiems santykiams būdingą nepajudinamumą.

 

„Judėjimo išvien su pasauliu“ pojūtis, kurį P. Šliaupa teigia patiriantis skraidindamas ir žvelgdamas pro dronų objektyvus, yra svarbus kūrinyje „Gaia“ (2020–2024), kuris daugiausia yra nufilmuotas iš viršaus. „Paukščio skrydžio“ arba „Dievo žvilgsnio“ sąvoka kine šiuo atveju yra pačios Žemės žvilgsnis į save. Parodos centre yra videoprojekcija, kuri, kaip nurodo pavadinimas, mini mitą apie Gają, Žemės deivę arba pačią Žemę, visos gyvasties motiną, kuriai menininkas tiesiogine prasme suteikia balsą. Birutės Belados Tauterytės performanse Gaja ramiai klaidžioja po priemiesčių aplinką, apmąstydama ir reaguodama į savo radinius. Videofilmas, sukurtas Bartelių apylinkėse, Vilniaus priemiesčiuose (LT), La Rošelio ir Île de Ré (FR) apylinkėse, atskleidžia tikslingai parinktas vietas, kurios gamtos grožiu atskleidžia žmogaus veiklos pėdsakus – nuo kasdienių iki mūsų destruktyvios būties pavyzdžių, tokių kaip karo liekanos.  Tačiau Gaja nieko nesmerkia, neliūdi ir nesigaili, tik fragmentiškais posmais konstatuoja įvykių būsenas ir gausybę prieštaravimų. Įkvėptas Donnos Haraway filosofijos ir atspindintis paties P. Šliaupos požiūrį, tekstą menininkas sukūrė iš dalies pasitelkdamas dirbtinį intelektą, kuris pats savaime užsimena apie mūsų, švelniai tariant, atkaklų tolsmą nuo gamtos. Kaip ir visi P. Šliaupos kūriniai, „Gaia“ yra daugiausia sugestyvus, jis nenureikšmina mūsų sukeltos klimato krizės, bet ir neužima pozicijos mus auklėti. Gaia alsuoja mistišku, kartais šiurpiu skambesiu – daugiausia prie to prisideda garsovaizdis, suteikiantis erdvės nežinomybės apraiškoms. Nuo kiekvieno iš mūsų priklauso, ar Gaja (Žemė ar mitas) sulauks savo pražūties, ar jos („postžmogaus“) regeneracinio potencialo. Todėl filmo pabaigoje esantis Dadaistų kūrybą primenantis atbulinis montažas yra labai taiklus.

P. Šliaupos kūryba taip pat turi humoro atspalvį, tiksliau sakant, absurdo bruožą, kuris atskleidžia ne tik mūsų pasaulio iracionalumą, bet ir galimybę jį įsivaizduoti kitokį. „Sizifas“ (2024) – tai vaizdo instaliacija, kurioje ant rutulio formos jūrinio plūduro projektuojamas amžinai einančio žmogaus atvaizdas. Ar Sizifas, kaip ir graikų mitologijoje, buvo nubaustas už savo godumą, tironiją ir kitų gyvų būtybių žudymą? Ar jis negali pabėgti nuo savo paties susikurto likimo? O galbūt jis veikiau ištvermingas – savybė, kurią filosofas ir čiabuvių judėjimo lyderis Ailtonas Krenakas laiko būtina pasaulio pabaigai atitolinti – atkakliai einantis pirmyn, besipriešinantis ir niekada nepasiduodantis?

Kartu su videofilmais menininkas parodoje pristato tapybos darbus ir objektus. Pastarieji sukurti iš visiškai naujų P. Šliaupos eksperimentų su 3D spausdinimu, jam domintis naujausiomis technologijomis (dirbtinis intelektas, dronų kameros, 3D skenavimas ir kt.) ir jų sąsajomis su mūsų gyvenimu ir gamta apskritai. Darbų ciklo „Critters“ (2024 m.) kūriniai įkvėpti gyvių formų, rastų negyvų, išdžiūvusių paplūdimiuose, kuriuose menininkas filmavo rezidencijos Centre Intermondes metu. Jūrų žvaigždės, medūzos ir jūrų ežiai, kurie P. Šliaupai rodėsi magiški, buvo transformuoti pasitelkus technologijas ir simboliškai sugrąžinti į gyvenimą. Ne tiek susiję su Mary Shelley romanu, „Critters“ yra labiau panašūs į fosilijas iš mūsų laikų, tarsi kalbantys apie būsimą praeitį.

Galima sakyti, kad P. Šliaupa kuria pagal („fiktyvios“) gyvybės formų išsaugojimo iš šių dienų logiką, tarsi spekuliatyvus biologas-kolekcionierius ar archeologas, saugantis tai, kas dar laukia ateityje. Ir jo paveikslai – technika, kurios jis mokėsi pirmaisiais savo kūrybos metais, taip pat atlieka panašų vaidmenį. Jo paveikslus galima interpretuoti kaip bandymą įsisavinti ir užfiksuoti organines struktūras bei gamtos reiškinius, atsirandančius dėl šviesos sąveikos. Gana kūniški ir faktūriški jo tapiniai balansuoja ties skulptūros riba, tarsi iškalti iš ledyno, rifų, uolų ar samanų laukų, apšviestų skirtingų akimirkų šviesos.

Žemė yra senesnė už mus ir greičiausiai mus pergyvens, jei mes, kaip individai ir kaip visuomenė, nepakeisime savo ekologinio sąmoningumo. Paroda „A snowfall of salt“ taip pat kviečia mus apibrėžti, kaip dalyvaujame šioje pusiausvyroje ir kaip galėtume atkurti ryšį su Žeme.

 

Parodos kuratorė Daniella Géo

 

 

Intermondes - humanités océanes 11 bis rue des Augustins, 17 000 La Rochelle contact@intermondes.fr

Parodos darbo laikas: Rugsėjo 13 d.-lapkričio 2 d. pirmadienis | penktadienis 14 val. | 18 val., parodos lankymas nemokamas


– Pauliaus Šliaupos paroda La Rošelio mieste yra Lietuvos sezono Prancūzijoje 2024 metais dalis. Sezoną organizuoja Lietuvos kultūros institutas kartu su Prancūzų institutu Paryžiuje

– Parodos organizatoriai: Vilniaus miesto galerija „Meno niša“ ir „Centre Intermondes“

– Parodos partneriai: „ArtContest“, „Région Nouvelle Aquitaine“, „La Charente Maritime le Département“, „Ville de la Rochelle“ ir La Rochelle Université